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L’anecdote de Duboux

Douze secondes qui comptent

Chronique de Sara Egli

Pour les journalistes, suivre le Tour de France dans les années 1970-80 tenait de l’aventure. Pas d’Internet, pas de portable, ni ordinateur. Il fallait s’arrêter en route pour contacter sa rédaction. On tentait alors de repérer une cabine téléphonique dans les villages traversés, mais souvent il y avait confusion entre cabine à monnaie et cabine à carte. Et Le 22 à Anières, le fameux sketch de Fernand Raynaud, nous revenait souvent à l’esprit avec mon consultant Roger Pingeon*

En désespoir de cause, on se rabattait sur un bistrot pour demander la ligne. On en profitait pour boire un coup au comptoir et se régaler d’un sandwich au pâté ou aux rillettes, en attendant le repas du soir… Rien n’était facile comme aujourd’hui, avec la nouvelle technologie qui met tout à disposition en un clic. Les sites spécialisés n’existaient pas, ni Wikipédia. Il fallait avoir ses propres archives et rechercher l’information à la source, auprès des coureurs.

Rien n’était facile comme aujourd’hui

Le direct TV ne commençant qu’à 15h30, on pouvait emprunter le parcours de la course en voiture. On avait le contact avec eux à la fois au départ et à l’arrivée. Le Tour faisait 4’500 km, avec des étapes quotidiennes de plus de 200 km, aujourd’hui 3’300 km et le direct TV est en intégralité mais plus question de les voir !

Quand on y pense, l’époque était heureuse. Pas de bus d’équipes mais des voitures pour les rapatrier à l’hôtel. Les portes étaient grand’ouvertes. Elles se refermeront après l’affaire Festina et surtout le règne de l’insupportable Armstrong.

Le chronométrage était assuré par Longines mais il était rudimentaire. Pas de puces ni de transpondeurs sur les vélos. Les commissaires UCI prenaient les écarts à la main mais parfois il y avait discordance par rapport à ce que l’on avait vu à l’écran. Comme en 1982 à l’Alpe d’Huez où Beat Breu, leader de Cilo-Aufina, déjà vainqueur au Pla d’Adet, avait signé son deuxième succès mais avait été pénalisé de 12 secondes par rapport à ses poursuivants ! Et quand on sait que 8 secondes peuvent faire gagner ou perdre le Tour… L’image TV nous donnait raison et on l’avait fait savoir au jury. Après visionnement, l’erreur avait été réparée en faveur du leader de Cilo-Aufina qui avait fini 6ème à Paris à 13’21 de Hinault (le meilleur résultat d’un Suisse depuis Kübler, 2ème en 1954 derrière Bobet).

 

*L’ancien vainqueur du Tour 1967 a œuvré comme consultant de la TSR de 1979 à 2008, soit vingt éditions.

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