Ces soirées qui entretiennent l’amitié

En 1986, en redescendant en voiture de Superbagnères (Pyrénées) où Bernard Hinault, trop généreux et défaillant devant LeMond mais surtout victime d’un péché d’orgueil, avait hypothéqué un sixième succès dans le Tour de France, nous étions arrivés avec mon consultant Roger Pingeon à 21 h 00 dans le petit village de Cierp-Gaud. C’est là que nous avait amenés notre réservation d’hôtel : un modeste établissement avec un bar-tabac à l’entrée. On s’y était présentés avec nos bagages mais une mauvaise surprise nous attendait : il n’y avait plus de chambres disponibles ! On redoutait le pire. Avec Pingeon, contrarié, et le patron, embêté, nous étions en pleine négociation lorsqu’a retenti un appel venant de l’autre côté la place :

C’était un cuisinier avec une magnifique toque blanche qui nous hélait. Il s’était avancé à notre rencontre, les bras ouverts et chaleureux comme savent l’être les « vrais » aubergistes. Sauvés ! Nos deux chambres étaient réservées chez lui et l’accueil laissait bien augurer la soirée. On avait pris nos quartiers et une douche en vitesse.

Un quart d’heure plus tard, nous faisions une entrée triomphale dans la salle à manger. Nos confrères de la BRT, de la RTBF et de la NOS, à leur habitude, étaient déjà bien installés à table et dégustaient un menu aux truffes qui nous faisait saliver. Dans cette ambiance joyeuse et festive, comme toujours, on n’a pas dû forcer beaucoup pour entrer dans la danse et « laisser flotter les rubans ». C’était parti pour une nouvelle soirée mémorable, une de plus… Ces soirées du Tour de France qui entretiennent l’amitié et facilitent les contacts et les relations professionnelles souvent très utiles, surtout pour une aventure de plus de trois semaines loin du domicile familial.