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L’anecdote de Duboux

Zimmi, l’épine dans le pied de LeMond

Chronique de Sara Egli

Après Kübler-Koblet, aucun Suisse n’a été aussi proche de pouvoir gagner le Tour de France qu’Urs Zimmermann en 1986. Un exploit quasiment à l’eau claire car hors du système des « soins », comme était qualifié le dopage à l’époque, notamment par les grands dirigeants de l’UCI ! Ce qui ne l’a pas empêché de poser des problèmes au duo LeMond-Hinault cette année-là, et explique aussi que sa carrière, magnifique et très prometteuse, ait connu des hauts et des bas.

Vainqueur du Tour de Suisse 1984 (Cilo-Aufina), il a vécu sa meilleure saison en 1986 (Inoxpran, Carrera): 2ème de Paris-Nice, 1er du Critérium International et du Dauphiné Libéré, champion de Suisse sur route, à Nyon, et révélation du Tour de France (3ème) où ses qualités ont mis Hinault en alerte et LeMond en grande difficulté, notamment lors de l’arrivée au col du Granon (2’413 m).

Lauréat du chrono de Nantes (61 km), Hinault avait encore écrasé l’opposition entre Bayonne et Pau avec trois cols au programme. Il était en tête et pratiquement assuré d’un sixième succès. Mais pour avoir voulu en « remettre une couche » le lendemain (130 km d’échappée solitaire par delà Tourmalet, Aspin, Peyresourde, Superbagnères), le Blaireau avait été terrassé par une défaillance dans la montée finale. Il avait perdu 4’39 sur LeMond, revenu à 40 secondes au général. Zimmi, troisième, était à 2’58.

Attaquer, attaquer, tout le monde veut qu’on attaque !

Au sein de La Vie Claire la tension était grande avant d’aborder les Alpes. Lors de la 17ème étape Gap-Serre Chevalier, Hinault, distancé dans l’Izoard (il cédera 3’21), allait perdre son maillot jaune au profit de l’Américain avec qui Urs s’était dégagé au pied du Granon (18 km d’ascension entre 9 et 15%). Irrésistible, loin derrière Chozas échappé du matin, le champion de Suisse avait fait le vide et LeMond avait du mal à suivre. Il se tortillait sur sa selle, au point de rupture. Il était « cuit » et n’avait pas assumé un seul relais. Il eût suffi d’une ou deux accélérations appuyées pour que l’Américain lâchât prise et s’effondrât. Mais Zimmi n’avait pas osé et au micro on était désespéré ! Au classement, il était désormais 2ème à 2’24 et le soir à son hôtel Pingeon lui en avait fait la remarque : « Attaquer, attaquer, tout le monde veut qu’on attaque, mais tu prends des risques et après tu reçois le bâton ! » avait-il répliqué, fataliste.

Hinault, lui, n’avait pas hésité. Il avait flairé le danger et, le lendemain, il avait monté une embuscade avec LeMond dans la descente du Galibier. Piégé, Urs avait été le seul à mener la poursuite. Il était passé à 2’48 au sommet de la Croix de Fer mais, trop isolé dans la vallée de l’Oisans, il avait finalement lâché 5’15 aux duettistes de Bernard Tapie, arrivés en héros à l’Alpe d’Huez. Le Tour était perdu sur une faute d’inattention !

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