L’anecdote de Duboux
Combat de coqs à Orcières-Merlette
1989, entre LeMond et Fignon 8 secondes à l’arrivée du Tour à Paris ! mais aussi un fameux match de boxe à Orcières-Merlette entre le soigneur de l’équipe Helvetia-La Suisse et le commentateur de la TSR sur la terrasse de l’hôtel où logeait la formation de Paul Köchli !
Un match défi né à l’époque des Classiques, plus pour amuser la galerie que pour régler un différend entre deux adversaires liés par une profonde amitié. D’un côté, le tonique Titi Pignatelli, affûté comme un athlète (chaque matin il courait 5 km) et dix ans de moins que moi, alourdi, usé par des journées interminables et en net déficit de condition physique.
Deux façons différentes de vivre le Tour. Certes, mon envie était d’en faire voir à Titi mais 15 jours s’étaient écoulés depuis le départ de Luxembourg et il m’avait fallu relâcher plusieurs crans au niveau de la ceinture… Un lourd handicap, surtout à 1800 m d’altitude, mais pas question de se dérober.
Köchli avait fait passer le message et, sur le coup de 17 heures, coureurs et encadrement étaient au rendez-vous de cet affrontement insolite. Il y avait aussi quelques vacanciers, des touristes ainsi qu’une équipe d’Antenne 2 en quête « d’images fortes » pour le résumé du soir.
« Les coups pleuvaient sans beaucoup de retenue, comme toujours dans pareil cas. A toi, à moi, pif, paf ! »
Grâce à mes années de pratique en salle, à Genève, je faisais illusion au début, la garde encore haute et serrée. Je passais quelques crochets du gauche mais Titi prendra progressivement l’ascendant grâce à sa jeunesse, travaillant au corps, le salaud… Je voyais Pingeon se marrer, j’entendais Richard, Leclercq, Demierre, Rüttimann, Manders, Bauer, Vichot et Köchli crier leurs encouragements.
Les coups pleuvaient sans beaucoup de retenue, comme toujours dans pareil cas. A toi, à moi, pif, paf ! Aucun des deux ne voulait céder mais il arriva un moment où l’immense Claude Denervaud, l’autre soigneur, s’interposa pour mettre fin aux hostilités et éviter une issue fatale… On déclara Titi vainqueur et je n’avais plus la force de protester. Cette première a fait beaucoup parler et a contribué à resserrer encore les liens avec l’équipe helvétique.
Le lendemain de ce choc mémorable et de cette journée de repos, Pascal Richard, champion de Suisse, gagnait en solitaire la grande étape de montagne de Briançon après avoir distancé le Breton Cornillet dans le col d’Izoard cher à Coppi, Bobet et Thévenet, entre autres. Un grand moment, à donner la chair de poule !