Un relief pour sacrer un grimpeur

Le directeur de la boucle romande, Richard Chassot l’a répété sur le plateau de la RTS dimanche soir: « Nous avons tout fait pour favoriser le succès d’un grimpeur. » L’architecte des étapes du Tour de Romandie, Bernard Bärtschi, a ainsi eu la main lourde pour l’étape-reine du samedi entre Aigle et Zinal et pour l’ultime contre-la-montre en côte entre le Centre mondial du cyclisme à Aigle et Villars.

Un rapide coup d’oeil sur les vainqueurs des dernières éditions démontre que les grimpeurs ont souvent trouvé un terrain favorable à leurs qualités. En témoignent les victoires de Primoz Roglic (2018 et 2019), Nairo Quintana (2016), Igor Zakarin (2015) ou Cadel Evans (2011).

La question qui se pose est la suivante: Thibaut Pinot, Marc Hirschi, Aleksandr Vlasov, Michael Woods ou Sepp Kuss peuvent-ils espérer revêtir le maillot vert – retour de cette couleur pour la tunique de leader après 20 ans de jaune – par le simple fait de la présence d’un contre-la-montre en côte ? Rien n’est moins sûr.

Certes, la dernière montée de 10 km demandera des qualités de grimpeur, mais les 5 premiers kilomètres complètement plats sauront satisfaire les rouleurs qui jouent le classement général. En 2018, alors que le départ était donné à Ollon, le Colombien Egan Bernal s’était imposé avec 4 » d’avance sur Roglic.

Les grimpeurs auront plutôt besoin de chercher leur salut au cours de l’approche de Zinal la veille. « C’est l’une des étapes les plus dures que j’ai tracée », précise Bernard Bärtschi. Sur 180 km, les coureurs auront quatre Grand Prix de la montagne de 1re catégorie à franchir (4160 m de dénivelé) et une dernière montée de près de 28 km depuis la sortie de Sierre, avec la succession des côtes des Pontis, de Grimentz et de Zinal.

Laurent Dufaux est le dernier Suisse vainqueur du Tour de Romandie (1998) et le dernier à être monté sur le podium (2e en 2003 derrière Tyler Hamilton). Aura-t-il un successeur à Villars ? Les meilleurs atouts helvétiques reposent sur les épaules et les mollets de Marc Hirschi et Gino Mäder.

Le grimpeur de l’UAE Team Emirates est à la recherche de sa meilleure forme. Entré en compétition le 20 mars seulement, il a rassuré dimanche avec sa 9e place sur Liège – Bastogne – Liège dans le temps du deuxième Quinten Hermans – présent lui aussi sur les routes romandes – après avoir raté sa Flèche Wallonne (32e).

L’an dernier, le Bernois s’était retiré après l’étape de montagne qui se terminait à Thyon 2000, où il avait concédé plus de 20 minutes au vainqueur Michael Woods. Leader de son équipe, l’ancien champion du monde M23 a tout pour bien faire.

De son côté, Mäder a connu un début de saison plus discret. Le Bernois n’a pas beaucoup couru. Mais il avait terminé la saison dernière avec une gratifiante cinquième place au classement général final du Tour d’Espagne. Le grimpeur de la Bahrain devra peut-être partager le leadership avec Dylan Teuns, le récent vainqueur de la Flèche Wallonne, qui a déjà remporté des courses par étapes comme le Tour de Pologne ou le Tour de Wallonie.

Quinze Suisses sont annoncés au départ dont l’équipe Swiss Cycling avec les Romands Yannis Voisard, Antoine Debons et Valère Thiébaud. Simon Pellaud (Trek) a dû renoncer en raison d’une maladie, alors que Stefan Küng s’accorde une pause après un début de saison chargé.

Le plateau présentera deux vainqueurs de classiques du printemps avec Teuns (Flèche Wallonne) et Magnus Sheffield (Flèche brabançonne). Peu de sprinters se sont en revanche aventurés cette année sur les routes romandes. Il est vrai que le profil ne leur est pas le plus favorable, même si les arrivées à Echallens et à Granges-Marnand pourraient leur être propices. Le Colombien Fernando Gaviria (UAE Team Emirates) pourrait alors se refaire une santé. ats