CM Aigle-Martigny
Une ascension pour l’histoire
Le voile a été levé sur les parcours des Mondiaux sur route d’Aigle-Martigny 2020. De la bouche de tous, le tracé de la course en ligne est l’un des plus exigeants de l’histoire des Championnats du monde. Le point d’orgue du parcours ? Une boucle sur les hauteurs de Martigny, qui comprend notamment la redoutable ascension de la petite Forclaz. Ce circuit sera arpenté à plusieurs reprises selon les catégories, d’une fois pour les Femmes Juniors, jusqu’à sept fois pour les Hommes Elites. A l’occasion de la deuxième édition 2019 du magazine Ready to Ride, nous avons recueilli les impressions de quatre personnes qui seront au cœur de l’événement l’automne prochain. Le parcours des Hommes Elites dessiné sur la carte ci-contre sert de base à la discussion.
Jean-Pierre Lovey
Coconcepteur du parcours et membre de la commission Sports
« Amener de l’émotion sur le parcours »
Le parcours a beaucoup évolué, avant de s’établir dans sa version définitive de 244 kilomètres. Il s’agit effectivement de la 8e version. Une première partie de course toute plate mènera à la petite ascension du Bois-Noir en direction de Vernayaz. Après un premier passage à Martigny, le parcours longera le Rhône jusqu’à Sion. Les coureurs passeront en plein centre-ville de la capitale valaisanne avant d’entamer le retour. Depuis Martigny, on attaque la boucle à répétition de 19 kilomètres avec la montée dans la petite Forclaz. Cette montée de 4 kilomètres avec une pente maximale de 14,5 % comporte des lacets sinueux et étroits par endroits. Arrivé au sommet, la descente compte un seul virage et sera donc très rapide. On atteindra certainement les 90 km/h. Les coureurs rouleront ensuite à vive allure à travers Martigny et sa place centrale. La ligne d’arrivée se situe au bout d’une longue ligne droite de 2 kilomètres sur une route très large. Le dispositif sécuritaire ? Nous créons toujours notre concept sécuritaire en parallèle à la création du parcours. Avec les passages en centre-ville, nous avons voulu amener de l’émotion sur le parcours, pour le public mais aussi les téléspectateurs. Cela demandera une grande concentration de la part des coureurs, mais évidemment aussi des grands efforts sécuritaires de notre part.
Alexandre Debons
Initiant du projet et coprésident
« Il n’y aura pas de loterie »
Ma première tâche a été de dénicher un parcours au cœur des Alpes qui soit difficile et pas réservé aux sprinters. Il faut savoir que l’Union Cycliste Internationale a des recommandations bien précises. Cela réduit évidemment les possibilités. J’ai donc analysé les tracés potentiels et je me suis fixé sur ce parcours entre Aigle et Martigny avec une boucle sur les hauteurs de la ville octodurienne. Avec cette montée en direction de la Forclaz, nous voulons rendre cette course mythique et faire en sorte qu’elle entre dans l’histoire. On aime tirer le parallèle avec les Mondiaux de Sallanches en 1980, une course très dure qui a couronné un immense champion, Bernard Hinault. Ce sera pareil à Martigny. Il n’y aura pas de loterie, on aura de toute façon un grand vainqueur.
Richard Chassot
Directeur de course
« Les Mondiaux les plus durs de ces 20 dernières années »
Je n’ai évidemment pas la boule de cristal, mais je vois bien une grande échappée dès le départ. Les équipes sans vainqueur potentiel en profiteront pour s’illustrer en y prenant part. Je la vois arriver au bout de la première section plate de 100 kilomètres avec une belle avance, tandis que le peloton sera contrôlé par les fédérations les plus fortes. J’imagine que ça va commencer à rouler très vite à 10 kilomètres du premier passage sur la ligne pour pouvoir bien se placer ; un peu à l’image du Mur de Grammont sur le Tour des Flandres où les équipes doivent se battre pour les meilleures places. La première ascension va faire mal. Une sélection par l’arrière risque certainement de s’effectuer sous l’impulsion des équipiers durant 3-4 tours. Les meilleurs grimpeurs s’expliqueront ensuite dans les 2-3 tours finaux. Les Mondiaux les plus durs de l’histoire ? Peut-être bien. Cela fait 20 ans que je commente les Mondiaux, et le parcours d’Aigle-Martigny 2020 est certainement le plus difficile de tous ceux-ci.
Sébastien Reichenbach
Cycliste professionnel
« Assurément une grande course »
J’ai couru aux Championnats du monde d’Innsbruck l’année dernière. Malgré un parcours très montagneux, c’est un peloton de tête regroupé qui a franchi la ligne d’arrivée. Ça ne devrait pas être le cas en 2020 à Martigny. La succession de montées rendra ces Mondiaux extrêmement difficiles. L’ascension de la petite Forclaz dans la boucle est régulière dans les pourcentages. La descente n’est pas du tout technique et sera donc très rapide. Les passages en ville s’annoncent assez tendus, il faudra savoir se placer. Cela promet assurément une grande course. Les perspectives de l’équipe suisse ? Je crois fermement en nos chances de nous montrer, notamment les meilleurs grimpeurs d’entre nous. De plus, on peut compter sur une excellente nouvelle génération de jeunes coureurs. Le fait de disputer des Mondiaux à domicile nous donnera aussi une motivation supplémentaire. J’ai moi-même habité dans cette fameuse montée dans ma jeunesse.