Thomas s’impose, Bissegger impressionnant

Geraint Thomas a largement dominé ce Tour de Romandie. Troisième du prologue à Oron-la-Ville, il aurait sans doute inscrit son nom au palmarès des vainqueurs d’étape à Thyon 2000 samedi s’il ne s’était retrouvé à terre à 30 m de la ligne d’arrivée.

« J’avais les mains tétanisées par le froid. Quand j’ai voulu changer de vitesse dans le sprint, ma main a glissé et je me suis retrouvé à terre », expliquait le Gallois. Très fâché dans un premier temps, il avait ensuite pris la chose avec un certain humour… british après que les images ont fait le tour du monde sur les réseaux sociaux.

Devancé de 11 » au général par le Canadien Michael Woods, grand bénéficiaire de cette cabriole, Thomas avait l’avantage du terrain pour la dernière étape. Les talents de rouleur du Gallois ont facilement eu raison de Woods, qui lui a concédé plus de 50 » sur les 16 km du vallonné contre-la-montre de Fribourg.

Parti alors que la pluie avait rendu humides certains secteurs, Thomas a préféré assurer son maillot jaune. Il possédait pourtant le meilleur temps à mi-parcours avec 32 centièmes d’avance sur le futur vainqueur, Remi Cavagna. « Après la mésaventure de Thyon, il ne fallait pas prendre de risques inutiles. Dans la dernière descente très sinueuse, je me suis contenté d’assurer », a-t-il lâché.

Il est vrai que Geraint Thomas, qui n’avait plus remporté de victoire depuis son triomphe au Tour de France 2018, n’allait pas gâcher l’occasion de rajouter à 34 ans un Tour de Romandie à un palmarès qui contient également Paris – Nice (2016) et le Critérium du Dauphiné (2018).

La formation Ineos avait déjà survolé le Tour de Catalogne avec le triplé Adam Yates, Richie Porte et Thomas. A Fribourg, ce dernier précédait sur le podium son coéquipier australien de 28 » pour une nouvelle démonstration de la formation anglaise. Thomas et Porte ont tenu leur engagement là où des Sepp Kuss, Miguel Angel Lopez ou Chris Froome (96e à plus d’une heure !) ont failli.

Les Suisses n’ont pas épinglé d’étape au cours de cette édition 2021. Stefan Bissegger est passé tout près d’un authentique exploit sur le contre-la-montre de Fribourg avec sa deuxième place, à 5 » du Français Remi Cavagna (Deceuninck). Le Thurgovien, qui avait bénéficié de routes sèches comme Cavagna d’ailleurs, fut le seul à reprendre du temps au rouleur de Clermont-Ferrand. Mais pas assez pour le dominer une deuxième fois comme ce fut le cas lors du contre-la-montre de Paris – Nice.

Déjà cinquième du prologue, Bissegger doit ressentir une nouvelle frustration. Mais le rouleur de l’équipe EF Education First ne va pas tarder à frapper un grand coup, lui qui a devancé dimanche des coureurs comme Rohan Dennis, le champion du monde Filippo Ganna, Porte ou Thomas. Parviendra-t-il à porter le « quatre » helvétique de la poursuite sur le podium à Tokyo ? Le défi est lancé.

Au classement général, le meilleur Suisse est Sébastien Reichenbach, 23e à plus de 10 minutes. Le couac de Marc Hirschi, tétanisé par le froid dans la montée de Thyon où il a lâché 21 minutes, a condamné les espoirs d’un top 10 helvétique.

Stefan Küng aurait éventuellement pu prétendre à la victoire d’étape à Estavayer sans une chute spectaculaire à 15 km de l’arrivée. En revanche, le Thurgovien a été décevant dans les chronos. Seulement 14e du prologue, il n’a guère pu briller à Fribourg avec un 15e rang, deux jours après sa cabriole qui a sans doute laissé quelques séquelles.

Les coureurs de la sélection Swiss Cycling ont quant à eux tenu parole avec un rôle d’animateur de la course. Joel Suter a endossé le maillot de meilleur grimpeur au terme de la première étape et Simon Pellaud a fait partie de l’échappée du jour lors de l’étape-reine samedi en Valais. ats