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Rencontre du réseau

Réseau VTT équilibré, coexistence et financement public au menu de l’événement de réseautage

Image: Simon Boschi

En créant début 2023 la plateforme VTT, Swiss Cycling s’est fixé l’objectif de coordonner le mouvement VTT au niveau national et d’agir comme trait d’union entre les associations VTT cantonales. En ce sens, la tenue du premier événement de réseautage le mardi 12 septembre à Berne a donné la possibilité à des représentant-e-s de clubs et associations issus de toute la Suisse d’échanger non seulement entre eux, mais aussi avec les organisations nationales et d’autres acteurs du milieu.

Pourquoi cet échange est-il important ? Car avec l’entrée en vigueur de la loi sur les voies cyclables au début de l’année 2023, une fenêtre d’action politique s’est ouverte. En effet, la loi charge les cantons d’établir, dans les cinq prochaines années, des plans de réseaux de voies cyclables pour la vie quotidienne et les loisirs. Pour que les besoins des vététistes soient pris en compte dans ce processus, il est essentiel que les associations cantonales de VTT disposent des outils nécessaires afin de représenter leurs intérêts au niveau politique. Outre un soutien administratif, des exemples de bonnes pratiques et des offres de formation continue, Swiss Cycling veut permettre, par l’intermédiaire de la plateforme VTT et de l’événement de réseautage, un échange intercantonal : les expériences des cantons les plus avancés doivent servir à ceux dans lesquels les infrastructures VTT ne répondent pas encore à la demande. Au Schwellenmätteli à Berne, une cinquantaine de personnes ont passé un après-midi à échanger autour des questions de la coexistence, du financement des infrastructures et de la nécessité d’un réseau VTT national équilibré.

En première partie d’après-midi, deux présentateurs et une présentatrice ont partagé leurs expériences sur des projets ancrés tant au niveau local que national. Premier à passer sous le feu des projecteurs, Luca Micheli a présenté le BikePark Valbirse, situé dans le Jura bernois, à 800m d’altitude. Un groupe de bikers déterminés à sauver le téléski du village, condamné en raison du manque de neige, a concrétisé une idée qui paraissait farfelue aux yeux de beaucoup. À force de collaboration et de discussion, les porteurs du projet ont fédéré derrière eux toute la vallée, ou presque. Ainsi, deux ans après la première présentation aux autorités communales, le bikepark a connu un franc succès lors de son ouverture en avril 2023, notamment auprès des familles, pour qui les pistes courtes et accessibles sont idéales. L’équipe poursuit l’objectif d’une ouverture quatre saisons, d’où le slogan « un tire-fesse pour toute l’année ».

Severin Schindler, de l’entreprise spécialisée Vast, a ensuite évoqué dans sa présentation les éléments clés pour créer des trails fonctionnels avec succès. De nombreuses bases légales doivent être respectées, tout comme les conditions géologiques et typologiques. Il faut également prendre en compte le public-cible : tourisme ou vététistes locaux ? Sur ce point, Severin a fait remarquer que l’énorme majorité des itinéraires VTT officiels se trouvent dans les Alpes et la chaîne du Jura, alors même que la majorité de la population se concentre sur le Plateau. Enfin, le design du trail entre en jeu. En prenant en compte ces différents aspects, plusieurs années de procédures ainsi qu’un investissement financier conséquent sont nécessaires avant de dévaler un trail, sans oublier que ce dernier doit être continuellement entretenu par la suite. De quoi démontrer que disposer d’infrastructures VTT cohérentes et fonctionnelles ne coule pas forcément de source, et nécessite un travail acharné.

Troisième et dernière présentatrice, Mariette Brunner, présidente de Loipen Schweiz, a parlé du Loipenpass, c’est-à-dire la carte d’accès pour le ski de fond. En payant un montant annuel, les fondeurs et fondeuses participent à l’entretien des pistes et au financement des infrastructures. L’argent est partiellement reversé aux organisations-membres via une clé de répartition, définie en fonction de plusieurs critères tels que le total de kilomètres de pistes, la qualité des pistes, les activités proposées, l’infrastructure mise à disposition ou la sécurité. L’objectif de cette présentation était de fournir des pistes de réflexion sur la pertinence de s’orienter vers un système similaire pour le VTT au niveau national.

Après le café et les quatre heures, la modératrice Jeannine Borer a retrouvé Susanne Gries (Swiss Cycling), Olivia Grimm (Suisse Rando), , Dominik Matter (Mountain Wilderness) et Dave Spielmann (Suisse Mobile) pour débattre du développement du VTT en Suisse. Les discussions ont tout d’abord porté sur la nécessité pour les associations actives dans le VTT d’user de leur influence maintenant, sachant que la phase de planification de 5 ans durant laquelle les cantons planifient le réseau de loisirs sera vite écoulée. C’est en particulier sur le Plateau qu’il faut accélérer le mouvement : les besoins des vététistes y sont élevés, mais trop peu d’infrastructures existent actuellement. Pour Dave Spielmann, on peut faire mieux partout, « même dans les régions touristiques qui sont plus développées. L’idéal serait d’atteindre un réseau de base homogène, avec en plus de l’espace pour la créativité ». Ainsi, les participant-e-s se sont accordés sur le fait que l’organisation de Suisse Rando pourrait servir de modèle pour le mouvement VTT. Olivia Grimm a relevé que le développement du VTT constitue « une évolution sociétale, que l’on ne peut pas arrêter ». Dans ce contexte, les interdictions ne sont pas une solution viable : « mieux vaut canaliser la pratique du VTT, en offrant des alternatives lorsque des trails sont parcourus de manière illégale, dans des zones sensibles » a argué Dominik Matter. Cependant, l’alternative doit être attractive, selon Dave Spielmann : « il ne suffit pas d’un trail pour montrer qu’on a fait quelque chose. L’offre doit être à la hauteur de la demande ». En ce sens, Susanne Gries a souligné la nécessité d’impliquer les organisations VTT dans les discussions, que ce soit au niveau local, cantonal et national : « c’est de cette manière que les besoins réels des vététistes seront pris en compte. Une communication est nécessaire entre les niveaux, afin que les associations se renforcent entre elles ». De manière générale, un consensus a régné sur le principe de la coexistence sur les sentiers. Afin de limiter les atteintes à la nature, une séparation des usagères et usagers ne devrait avoir lieu que là où la sécurité n’est plus garantie, en raison d’une forte fréquentation.

L’introduction d’un passeport similaire au Loipenpass n’a pas eu les faveurs de la cote parmi les participant-e-s à la table ronde. Le financement doit principalement échoir aux pouvoirs publics : c’était l’un des messages centraux de l’après-midi. Le soutien des clubs et associations, qu’il soit financier ou sous forme de volontariat pour la construction et l’entretien des trails, reste certes important, d’autant plus que la communauté VTT est prête à s’impliquer. Mais pour cette dernière, il s’agit également de faire pression sur les autorités afin qu’elles remplissent de manière satisfaisante les obligations qui lui sont confiées par la loi sur les voies cyclables.

En fin d’après-midi, un apéro a permis à la partie « réseautage » de se tenir. Les échanges informels qui s’y sont tenus sont également partie prenante du transfert de savoir et de connaissances que Swiss Cycling veut permettre à travers l’événement. Nul doute que ces discussions ont été fructueuses et permettront de faire avancer, coup de pédale après coup de pédale, le VTT dans notre pays !

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