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Interview

«Les Mondiaux seront une immense fête»

Thomas Peter lors de l’événement de lancement des championnats du monde du 8 novembre à la Swiss Cycling House. Image: Kurt Schorrer

Le directeur de Swiss Cycling Thomas Peter s’exprime au sujet des activités autour des Championnats du monde Route et Route paracyclisme à Zurich, ainsi que des défis en vue des Jeux Olympiques de Paris.

L’année sportive 2024 sera riche en événements cyclistes. Qu’est-ce qui te passe par la tête quand tu penses aux prochains mois ?
Thomas Peter : J’ai un peu l’impression que nous sommes en train d’entrer dans la dernière ligne droite. Le moment pour lequel nous avons travaillé depuis la double attribution dans le cadre des Mondiaux 2018 à Innsbruck approche à grands pas. Compte tenu de la déception née de l’annulation des Mondiaux de cyclisme sur route 2020 en Valais, les attentes sont encore plus fortes concernant l’année 2024 et les Mondiaux de Zurich. Bien sûr, cela a aussi un rapport avec les Jeux olympiques.

C’est-à-dire ?
Paris ne se trouve qu’à quelques heures de train de la Suisse. Les JO d’été ne seront probablement plus jamais organisés aussi près de notre pays. L’attention sera donc encore plus grande qu’elle ne l’est déjà habituellement lors des Jeux olympiques.

Ce qui devrait également se ressentir au niveau des attentes sportives, après la moisson des JO de Tokyo.
Nous sommes bien entendu conscients que les succès engendrent des attentes. Mais nous savons aussi que ce que nous avons vécu à Tokyo ne se répétera pas. Le bilan a été incroyable, avec six médailles réparties dans trois disciplines. Au Japon, beaucoup de planètes se sont alignées et nous avons récolté les fruits de notre préparation méticuleuse. En France, il y aura moins de paramètres déterminants.

A quoi penses-tu ?
Le voyage et le climat ne représenteront pas un défi majeur à Paris, même s’il peut aussi faire très chaud ; nous ne sommes pas vraiment en mesure d’obtenir un avantage grâce à notre savoir-faire ou à notre travail en amont. Il va de soi que nous alignerons une équipe très solide à Paris aussi et que nous voulons aussi décrocher une médaille. Mais en définitive, nous prenons davantage en compte les périodes que les événements individuels.

Pourquoi ?
Car le tableau est plus parlant. Les années 2021 et 2022 ont été extraordinaires sur le plan sportif ; cela ne s’est pas passé aussi bien en 2023, du moins chez les Elites. Je ne pense pas que les athlètes suisses aient été plus faibles cette année. C’est tout simplement que la densité de performance au sein de l’élite mondiale d’un sport d’été très développé est extrêmement élevée. Le podium se joue souvent à quelques détails. Stefan Küng en est le parfait exemple.

Comment gérer ce facteur en tant que fédération nationale ?
En nous concentrant sur les processus, en créant les meilleures conditions possibles et en gardant toujours un ou deux coups d’avance. Notre objectif principal reste encore et toujours de soutenir les athlètes dans les domaines les plus divers, parfois non conventionnels. Car nous ne pouvons pas vraiment influencer le résultat final.

« Nous tiendrons la Swiss Cycling House – le lieu de rendez-vous des fans suisses avec l’ambiance appropriée, les écrans géants dans le jardin et tout ce qui va avec – au restaurant Chiffon dans le centre-ville, juste à côté du parcours. »

Thomas Peter

Revenons aux Championnats du monde route et route paracyclisme : quel genre d’événement allons-nous vivre en septembre à Zurich ?
Un événement à la fois équilibré, splendide et de grande taille. Durant la semaine des Mondiaux, entre 700 000 et un million de personnes prendront place au bord du parcours. Ces Mondiaux de cyclisme seront la plus grande manifestation sportive organisée sur le sol suisse depuis l’Euro 2008 en ce qui concerne le nombre de spectateurs. Pour le moment, cet événement n’est malheureusement pas encore considéré à sa juste mesure par le public. Les Mondiaux seront une immense fête.

D’où vient cette perception faussée ?
Il faudrait le demander aux journalistes. Le débat public de ces dernières années a tourné presque exclusivement autour des oppositions. Ce qui n’a pas aidé, c’est une évidence. Les discussions se focalisaient sur les problèmes, il y a même eu des spéculations sur une annulation. Les opportunités et les perspectives n’ont pratiquement pas été évoquées. Ou alors de façon marginale. Tout cela freine le développement d’un tel projet, par exemple dans le domaine du sponsoring. Pourtant, ces Mondiaux offrent une excellente scène aux partenaires potentiels pour se présenter au public, ne serait-ce que par leur dimension.

Comment Swiss Cycling se présentera-t-elle lors des Mondiaux ?
Les Mondiaux doivent être une fête du vélo pour tous et une expérience extraordinaire pour nos fans de cyclisme en particulier. Nous tiendrons la Swiss Cycling House – le lieu de rendez-vous des fans suisses avec l’ambiance appropriée, les écrans géants dans le jardin et tout ce qui va avec – au restaurant Chiffon dans le centre-ville, juste à côté du parcours. Mais nous proposerons déjà quelque chose aux fans en amont des Mondiaux. Dès ce printemps, la Swiss Cycling House accueillera régulièrement des événements.

Après les premiers Mondiaux de route inclusifs, les premiers Mondiaux de VTT combinés seront organisés en 2025 en Valais. Comment la petite Suisse parvient-elle à organiser deux événements cyclistes d’une telle ampleur en deux ans ?
Pour que ça marche, il est essentiel de planifier sur le long terme. Il y a une dizaine d’années, nous avons défini notre stratégie en matière de grands événements, avec pour idée principale d’offrir à nos athlètes la possibilité de disputer des Championnats du monde et/ou d’Europe dans leur propre pays. Il y a d’abord eu des compétitions de Coupe du monde ainsi qu’une édition des Championnats d’Europe de piste. Le premier point culminant remonte à 2018 avec les Championnats du monde de VTT à Lenzerheide. Nous voilà sur le point de vivre le prochain temps fort.

Et y a-t-il déjà quelques idées pour la suite ?
Même un peu plus que ça. La possibilité d’organiser les European Championships 2030 en Suisse est à l’étude. Le projet avait été reporté en raison des ambitions olympiques et doit maintenant être relancé. Mais nous ne savons pas encore comment cela va se passer. En parallèle, nous travaillons sur un événement international de BMX en Suisse ; nous aimerions beaucoup combler cette lacune. Et puis il y a l’idée d’organiser des Championnats du monde de cyclisme combinés.

Ce format est-il adapté à la Suisse ?
Selon moi, nous avons tout ce qu’il faut pour le mettre sur pied. Certes, il s’agit d’un événement de grande taille, mais il est loin d’être gigantesque. L’édition de Glasgow était cohérente l’été dernier. Les Ecossais ont réalisé un excellent travail en répartissant les disciplines sur plusieurs sites. C’est un modèle qui peut aussi être mis en œuvre chez nous. De plus, aucun événement sportif suisse ne devrait être en mesure d’offrir un meilleur ratio dépenses/recettes.

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