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Trial

L’entraîneur devenu ambassadeur

Sortir de l’ombre: Jean-Daniel Savary a établi le Trial en Suisse. Image: EGO-Promotion

Jean-Daniel Savary a quitté ses fonctions d’entraîneur national de trial à Swiss Cycling au terme de l’année dernière. C’était l’occasion de faire un état des lieux du trial avec l’homme qui s’est démené pour développer cette discipline spectaculaire mais peu médiatisée au cours des 20 dernières années.

Les disciplines sportives minoritaires sont bien souvent portées par des passionnés. C’est le cas du trial, une discipline qui compte 110 licenciés dans les frontières de notre pays. Jean-Daniel Savary incarne véritablement la discipline en Suisse. Cet entraîneur sportif de formation, qui a œuvré dans différents sports tels que la gymnastique artistique et l’athlétisme, s’est tourné vers le trial pour coacher son fils. C’était il y a 20 ans.

Depuis, il n’a plus jamais décroché. Entrepreneur dans l’âme, il a rapidement dépassé son rôle d’entraîneur pour œuvrer au développement de la discipline en Suisse. Après neuf ans passés à Swiss Cycling en tant qu’entraîneur national, le Vaudois de 66 ans a décidé de se retirer de ses fonctions avec « l’impression d’avoir atteint un palier en fonction des possibilités financières offertes à la discipline ».

Tous les débuts sont difficiles

Dans l’ombre des disciplines cyclistes olympiques que sont la route, le VTT, la piste et le BMX, le trial a fort à faire pour se ménager une place dans l’univers du cyclisme. D’autant plus que la discipline ne peut pas s’appuyer sur une longue tradition, au contraire du cyclo-cross qui a connu son apogée en Suisse dans la deuxième moitié du XXe siècle grâce notamment aux exploits de l’iconique Albert Zweifel. Le trial est une discipline moderne, héritée des sports motorisés. Même s’il est pratiqué depuis les années 1980, le trial en Suisse s’est véritablement démocratisé au début des années 2000 seulement. Une période qui coïncide avec l’arrivée de Jean-Daniel Savary dans le milieu. « Lorsque j’ai débarqué dans le trial, il manquait de tout. Il n’y avait pas de structures, pas d’organisation dans les clubs, très peu de compétitions. Il a quasiment fallu tout créer », se remémore le Vaudois.

Son premier fait d’arme a été d’organiser une compétition en réfléchissant au moyen d’attirer des spectateurs. Avant les années 2000, la majorité des concours se disputaient en forêt avec des obstacles naturels. Un format de course qui contraint les spectateurs à de longs déplacements pour naviguer d’une zone à une autre. Pour y remédier, Savary repense le concept de compétition en créant des zones artificielles et en les rassemblant à un même endroit. « Nous avons rencontré un succès populaire immédiat », apprécie l’organisateur. C’est ainsi que la première Coupe suisse eut lieu en 2004 à Ropraz. Depuis, plusieurs étapes de la Coupe suisse ont lieu chaque année. Cette tendance à réunir des zones artificielles a permis au trial de se rapprocher des villes et ainsi à gagner en popularité.

Convaincu de l’attrait de la discipline, Jean-Daniel Savary ne s’est pas arrêté à l’organisation de la Coupe suisse. « La promotion d’une discipline comme le trial passe par l’organisation d’événements », assenait-il lorsque nous l’avions rencontré à quelques semaines de « ses » Championnats d’Europe à Moudon en 2018. Instigateur, président du CO et homme à tout faire de l’événement, Savary n’avait pas ménagé ses efforts pour offrir une couverture médiatique inédite à sa discipline. Si les athlètes suisses n’ont pas réussi à décrocher de médailles à cette occasion, l’équipe nationale s’est hissée à un niveau intéressant ces dernières années, juste derrière les nations phares de la discipline que sont l’Espagne, la France et l’Allemagne. Des athlètes comme Debi Studer, Lucien Leiser ou Tom Blaser rivalisent aujourd’hui avec l’élite de leur sport. Ces athlètes poursuivront désormais leur progression sous la direction du nouvel entraîneur national Pascal Benaglia, assisté de Jérôme Chappuis.

Un centre d’entraînement dans une grange

Malgré les nombreux efforts réalisés, le nombre de licenciés s’est stabilisé ces dernières années, sans parvenir à véritablement décoller. « Au moins, on a réussi à faire en sorte qu’il ne baisse pas », positive Savary. Le désormais ex-entraîneur national insiste sur l’aspect méthodologique des entraînements afin d’attirer des athlètes potentiels. Sa fonction l’a mené auprès de tous les clubs suisses afin de les conseiller sur cet aspect. « En trial, la technique représente 50 % du travail, l’autre 50 % c’est du mental », souligne l’expert qui relève globalement des progrès significatifs dans les entraînements au cours des 20 dernières années. « La planification des entraînements s’est profes- sionnalisée et les planifications individuelles sont de plus en plus courantes. »

Avant de se retirer de Swiss Cycling, Jean-Daniel Savary a tenu à apporter une dernière contribution en mettant sur pied un concept de centre d’entraînement national à Aigle qui n’a pas pu être concrétisé pour le moment, faute de financement. « Je le garde bien au chaud dans un tiroir », dit-il. S’il se retire de la Fédération, Savary ne tourne pas le dos pour autant au trial. Il reste plus que jamais actif au travers de son club Velo Trial Broye Jorat. Il y a quelques années, le résident de Ropraz a réaménagé une partie de sa ferme en un centre d’entraînement de trial didactique avec des codes couleurs et différents exercices ludiques. « Le plus important est d’innover et de savoir continuellement se renouveler. » Telle est la devise d’un entraîneur devenu ambassadeur de son sport.

En automne 2017, Jean-Daniel Savary a participé aux Championnats du monde d’Urban Cycling en Chine avec l’éqiupe nationale de trial. Image: EGO-Promotion

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