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L’anecdote de Duboux

Le scandale Pollentier

J’ai suivi en 1978 le premier de mes trente Tours de France. Celui des débuts du jeune Hinault, déjà conquérant. J’avais rejoint la course à St.Etienne (15ème étape). Pour moi, néophyte, l’émotion était grande, seul au micro, sans consultant et parmi des spécialistes réputés : Robert Chapatte et Anquetil, les vedettes d’Antenne 2, Jean-Michel Leulliot et Poulidor (TF1), les Belges Théo Mathy (RTBF) et Fred De Bruyne , l’ancien champion du monde (BRT), le Hollandais Jan Nelissen (NOS). Il n’y avait que six chaînes TV sur place en direct. Eurosport n’existait pas et la RAI ne rejoignait que dans les Alpes avec le vénérable Adriano De Zan. Quant à SF DRS (Willy Kym et Hans Jucker) et TSI (Pepi Albertini et Ezio Guidi), ils commentaient de Zurich et Lugano.

Le lendemain, un dimanche, c’était la grande étape de l’Alpe d’Huez avec ses centaines de milliers de spectateurs. Et déjà une sale affaire de dopage ! Son auteur ? Michel Pollentier vainqueur en solitaire sur les hauteurs de l’Oisans devant Kuiper, Hinault et Zoetemelk, mais démasqué par un commissaire UCI lors du contrôle pipi. Le Belge avait mené un raid solitaire de 50 kilomètres depuis le col du Luitel. Tout le monde s’extasiait devant son exploit qui lui offrait le maillot jaune mais la suite serait moins honorable…

En fin d’après-midi, la rumeur d’un scandale se propageait et toute la caravane était en ébullition. Chacun tentait par tous les moyens d’obtenir des précisions sur le nom du coupable. Dès la fin du direct, j’avais eu vent de l’info et me précipitais à la salle de presse. Celle-ci était encore à taille humaine, installée dans la petite église de la station où officiait un prêtre hollandais, passionné de cyclisme.

Certains confrères s’arrachaient le téléphone des mains pour appeler leur rédaction avant les autres.

Il n’y avait que quelques cabines téléphoniques à disposition. Et comme une intervention de la direction du Tour était prévue vers 18h30 , soit l’heure des Actualités sportives à la TSR, j’en bloquais une immédiatement. J’appelais Genève et passait le message à Boris Acquadro, le présentateur, qui décidait de me garder en ligne jusqu’à l’annonce officielle.

Une très bonne initiative car, après quelques minutes d’attente, Félix Lévitan était venu lire un communiqué que je répercutais au fur et à mesure à l’antenne. La TSR était ainsi l’une des premières à faire part en simultané de l’exclusion de Michel Pollentier, leader du Tour de France, pour fraude au contrôle antidopage ! S’ensuivit un beau chahut en plein chœur, certains confrères s’arrachant le téléphone des mains pour appeler leur rédaction avant les autres…

Le maillot jaune avait été surpris avec une petite poire en plastique sous l’aisselle. Elle lui permettait de livrer une urine vierge grâce à un tuyau en caoutchouc fixé sous le maillot et se terminant dans le cuissard à la hauteur des parties génitales ! Un dispositif ingénieux qu’un commissaire perspicace avait toutefois mis à jour et qui allait provoquer une onde de choc monumentale.

Mon chef était ravi, mais il le sera moins en apprenant que le lendemain était jour de repos et que j’étais libre de toute activité…

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