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L’anecdote de Duboux

La peau de l’Urs

Après avoir raté sa saison 1987 (déficit de fer et ennuis de santé), Urs Zimmermann était revenu à son meilleur niveau en 1988. Il avait gagné le Tour du Trentin et l’étape du Tour de Romandie aux Mayens de Riddes et le Giro lui semblait promis. Hélas, l’étape du Gavia (2’621 m) avec ses effroyables conditions atmosphériques (pluie, neige, température de -4° au sommet) avaient hypothéqué ses chances. Moi-même j’avais pu franchir miraculeusement le col au volant de ma voiture, avec des pneus d’été et sans chaîne mais avec cinq « alpini » dans le coffre ouvert et trois sur le capot !

Congelé, tétanisé dans la descente, Zimmi avait concédé 5’02 à Breukink et Hampsten à Bormio. Il se fera toutefois l’auteur d’un sensationnel baroud d’honneur lors de l’ultime étape de montagne (Borgo Val Sugana-Arta Terme, 233 km) qui mettra le Giro en émoi à trois jours de la fin. Flanqué du seul Stefano Giuliani, il avait lancé l’offensive de la dernière chance. Il comptera jusqu’à 8 minutes d’avance et le maillot rose lui tendait les bras car Hampsten et Breukink, privés de leurs équipiers à la traine, étaient en mauvaise posture. Mais le Passo Mauria, dernier des trois cols, était à 63 km de l’arrivée. Trop loin pour se bercer d’illusions, d’autant qu’en coulisse on négociait au gré des intérêts en jeu.

L’occasion était belle pour l’accessoiriste japonais Shimano qui n’avait jamais gagné le Tour d’Italie. Il sponsorisait la formation de Hampsten (7-Eleven), mais aussi celle de Robert Thalmann (Magniflex-Cyndarella) et le directeur sportif lucernois, qui espérait du fournisseur nippon un meilleur soutien pour la saison suivante, avait été sollicité pour « organiser » la poursuite derrière Zimmi par l’entourage du maillot rose américain, lequel battait de l’aile à l’arrière !

Zimmi avait été la victime innocente de cette déplorable magouille.

L’occasion était belle pour l’accessoiriste japonais Shimano qui n’avait jamais gagné le Tour d’Italie. Il sponsorisait la formation de Hampsten (7-Eleven), mais aussi celle de Robert Thalmann (Magniflex-Cyndarella) et le directeur sportif lucernois, qui espérait du fournisseur nippon un meilleur soutien pour la saison suivante, avait été sollicité pour « organiser » la poursuite derrière Zimmi par l’entourage du maillot rose américain, lequel battait de l’aile à l’arrière !

Sans connaître le dessous des cartes, Zimmi avait été la victime innocente de cette déplorable magouille. Il avait vendu chèrement sa peau face aux Gisiger, Jaermann, Fuchs, Steinmann et compagnie. Le combat était inégal car plusieurs équipes étaient dans le coup et, après 133 km d’échappée, Urs avait conservé 3’05 sur la ligne et laissé la victoire à Giuliani. Il revenait à 1’48 de Hampsten au général. Mais, démoralisé, il perdra finalement ce Giro 1988 pour 2’45, battu par l’Américain et Breukink. Quant à Thalmann et les siens, ils ne recevront jamais l’aide escomptée…

Zimmi est assurément l’un des coureurs les plus méritants que le cyclisme suisse ait connus, l’un des plus originaux aussi. Elevé à la ferme, de parents soleurois, il a conservé durant sa carrière cette simplicité, ce bon sens, cette sagesse des terriens qui le différenciaient de ses pairs. Discret et réservé, il a toujours évolué en marge des coutumes du milieu et j’ai eu pour lui beaucoup d’estime et de respect à l’époque de ses exploits.

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