Schär: « J’aurai carte blanche sauf à cinq exceptions »

Vous fêtez samedi avec votre dixième participation au Tour de France une sorte de jubilé. Dans quel état d’esprit vous rendez-vous à Nice ?
Michael Schär: Pour moi, le Tour reste toujours quelque chose de spécial même après toutes ces années. Je considère comme un honneur de me retrouver au Grand Départ à Nice. Il m’importe peu que ce soit un prologue ou une étape de plat pour commencer. Cette année, la montagne sera même là dès le 2e jour. Il faut être prêt dès le début, point barre.

De ces milliers de kilomètres parcourus sur les routes de France et de Navarre, quels souvenirs particuliers gardez-vous ?
Naturellement mon premier Tour. En 2011, nous avons gagné la course avec l’équipe BMC et Cadel Evans. Par la suite, nous n’avons plus jamais réussi cela. Les deux victoires dans les contre-la-montre par équipes avec BMC restent aussi gravées dans ma mémoire. Etre toute l’équipe sur le podium avec un coéquipier au milieu en jaune, c’est un souvenir extraordinaire.

Et plus personnellement ?
Les tentatives d’échappée n’ont pas manqué, mais elles ont toutes échoué. Mais je vais encore essayer cette année…

Comment définiriez-vous votre rôle pour les trois prochaines semaines ?
Auparavant, nous venions avec BMC dans l’optique du classement général et des victoires d’étapes. Aujourd’hui avec CCC, les perspectives sont différentes. Nous n’avons que deux coureurs capables de viser les victoires d’étapes: Greg van Avermaet et Matteo Trentin. Ce sont des puncheurs et pour cette race de coureurs, il y aura quatre ou cinq opportunités. Au cours de ces étapes, je devrai soutenir au mieux Greg et Matteo. Les autres jours, j’aurai carte blanche. Je pourrai rester en queue de peloton pour économiser de l’énergie ou planifier des échappées. »

Prendre la bonne échappée au Tour, c’est presque une science pour vous…
Effectivement, c’est à chaque fois un effort violent à fournir en début d’étape. Ce fut pour moi un peu inhabituel, mais l’année dernière j’avais beaucoup apprécié.

Vous attendez-vous à un Tour encore plus nerveux que ces dernières années ?
Plus nerveux, non. Nous avons déjà atteint la limite par le passé. Peut-être qu’avec l’âge je considère les aléas et les chutes autrement qu’auparavant. J’espère juste qu’ASO (réd: société organisatrice du Tour) saura raison garder et nous proposera des routes dignes de ce nom.

Il semblerait que lors du Critérium du Dauphiné, également organisé par ASO, ce ne fut pas le cas.
Ce fut même précaire. Nous avons emprunté des petites routes à vaches. Ce fut extrêmement dangereux et cela a conduit à de nombreuses chutes, dans lesquelles plusieurs favoris du Tour se sont trouvés incriminés. La course doit couronner le plus fort mais pas un coureur qui aurait profité des nombreuses chutes.

Avec le champion olympique de Rio, Greg van Avermaet, vous rejoindrez la saison prochaine l’équipe française AG2R. A 34 ans, n’êtes-vous pas fatigué par la compétition ?
Absolument pas. Je prends chaque jour avec plaisir mon vélo pour sortir m’entraîner. Les courses m’apportent toujours autant de satisfaction. Greg et moi sommes amis depuis des années. Nous partageons depuis dix ans les chambres d’hôtel sur les courses. Ce sera toujours le cas pour les trois prochaines années chez AG2R avec un projet cool de courses d’un jour et de classiques.

Interview: Keystone-ATS