Pandémie Coronavirus
« En ce moment, je suis plus utile à l’hôpital que sur mon vélo »
Elise Chabbey (26 ans) a temporairement troqué son équipement de vélo pour la tunique de médecin. Image: Arne Mill
Suite à l’immobilisation générale du peloton cycliste international, Elise Chabbey a décidé de ne pas rester inactive face à la pandémie du coronavirus. La cycliste professionnelle, qui a terminé ses études en médecine l’année dernière, s’est engagée temporairement à l’Hôpital universitaire de Genève pour soutenir le personnel sanitaire. Elle nous livre ses impressions depuis son nouveau lieu de travail.
- Raconte-nous concrètement comment s’est passé ton engagement à l’Hôpital universitaire de Genève?
Elise Chabbey: Mon professeur de master est chef de service en néphrologie à l’Hôpital universitaire de Genève. Il sait que je fais du vélo et que la saison est interrompue, donc il m’a appelé lundi pour me demander si j’étais disponible pour venir les aider une ou deux semaines. J’ai discuté de cette proposition avec mon coach. Il m’a dit que, compte tenu de la situation, il ne fallait pas que j’hésite si j’avais vraiment envie de m’engager. Le lendemain, j’étais en tenue de médecin à l’hôpital.
- Il s’agissait donc une décision logique pour toi…
Au début, on a sous-estimé l’ampleur de cette crise. Et au final, tout le monde est concerné. Je me suis dit qu’en ce moment, je serai plus utile à l’hôpital que sur mon vélo, à m’entraîner pour des objectifs dont on ne sait même pas s’ils pourront se dérouler. J’ai déjà de la peine à ne rien faire des mes journées, donc autant faire quelque chose qui peut aider.
- Comment as-tu vécu ces premiers jours à l’hôpital ?
Avec deux autres médecins internes, je m’occupe actuellement de 30 patients qui n’ont pas le coronavirus. Et je me tiens prête à agir, lorsque la grosse vague de patients touchés par le Covid-19 arrivera. Ce sera vraisemblablement pour ces prochains jours.
- Avec tes longues études de médecine, on imagine que tu as l’habitude de jongler entre occupation professionnelle et sportive ?
Effectivement, l’année dernière, j’avais dû concilier ma dernière année d’étude de médecine et ma première saison dans une équipe professionnelle. Ça avait été très dur. J’avais couru le Giro et une semaine plus tard, je devais passer mon examen final. Cette année, j’avais décidé de me consacrer au vélo et mettre la médecine entre parenthèse…
- En tant que sportive professionnelle, est-ce difficile de devoir se passer de la compétition ?
Au début, j’étais évidemment extrêmement déçue que les Strade Bianche soient annulées, parce que je m’étais vraiment bien préparée. La situation générale est difficile à gérer, car nous sommes dans l’incertitude. Par exemple en ce qui concerne le pic de forme… faut-il se reposer ou continuer à s’entraîner ? Mais avec du recul, il faut se montrer responsable en se disant que c’est une situation temporaire, qu’il y a actuellement plus important que le sport et que les courses reprendront tôt ou tard.
- Comment adaptes-tu ton entraînement ?
J’essaie de me lever plus tôt le matin pour aller courir et le soir je fais du home-trainer quand je rentre du travail. Au lieu de faire des longues sorties, je travaille plutôt les intensités. Pour l’instant, mon entraîneur m’a dit que je pouvais lever le pied. Mon gros objectif sera les Championnats du monde d’Aigle-Martigny à la fin septembre, donc j’ai encore du temps pour bien m’y préparer.
Elise Chabbey a représenté la Suisse lors des Mondiaux de route 2019 au Yorkshire. Image: Arne Mill