L’anecdote de Duboux
Drame dans l’alpe
En 1979, pour le jour de repos du Tour aux Menuires, de nombreuses activités récréatives étaient proposées aux suiveurs, dont un gymkana motorisé en duos. Les jeeps, 4×4, buggies, quads étaient mis à disposition pour un slalom en station le matin et un cross l’après-midi à flanc de pâturage, sur une pente en devers à 40 % de déclivité ! Une offre aux accros du volant, comme il y en a beaucoup sur le Tour…
Pour suivre les kamikazes, on s’était installés dès 16 heures avec Pingeon, mon consultant, à une terrasse ensoleillée afin de ne rien perdre du spectacle. Et quel spectacle ! Soudain on avait vu un véhicule basculer dans la pente, faire une vingtaine de tonneaux, rebondir plusieurs fois et perdre des éléments avant de s’arrêter sur un replat de terrain cent mêtres plus bas.
La nouvelle s’était répandue comme une trainée de poudre et l’effervescence avait gagné toute la station.
Un drame en direct, sous nos yeux. Un moment terrible d’angoisse et d’émotion, d’autant plus que quelques minutes plus tard quelqu’on annonçait : « C’est Luis Ocana qui était au volant ! » La nouvelle s’était répandue comme une trainée de poudre et l’effervescence avait gagné toute la station car les secours avaient tardé.
L’ex-champion espagnol partageait sa jeep avec un pilote d’Antenne 2. L’un des deux malheureux avait été éjecté, l’autre était resté bloqué près d’une heure dans l’habitacle défoncé. Ils avaient finalement été évacués par hélicoptère vers l’hôpital de Grenoble dans un état grave.
Sur l’antenne d’Europe 1, notre confrère Jean-René Godard annoncera même le décès de Luis Ocana, le vainqueur du Tour 1973… Mais celui-ci n’était « que » grièvement blessé. Il laissera tout de même un œil dans l’aventure, et peut-être même plus. Sa disparition sera démentie ultérieurement mais en attendant le Tour était sous le choc. Et nous aussi.
Personnage sublime mais tourmenté, Ocana se donnera la mort en juin 1994 à son domicile de Campène-d’Armagnac, dans les Landes.
