«C’est la bonne décision»

La scène se passe dans la zone d’équipe devant le bus de l’équipe nationale suisse. Les coéquipières de sélection nationale de Kathrin Stirnemann la portent sur leurs épaules. Les blagues fusent, les rires aussi, la star du moment est rayonnante. L’Argovienne vient en effet de disputer sa dernière compétition à l’occasion des Championnats d’Europe de VTT au Monte Tamaro, avec un joli résultat à la clé. Son 14e rang est même un petit exploit en soi. Kathrin Stirnemann est une nouvelle fois parvenue à montrer l’étendue de son talent et à remplir son objectif au classement. Ce qui n’avait plus été si souvent le cas ces derniers temps. « Le rapport entre mes efforts et les résultats ne correspondaient plus vraiment », confie Stirnemann, qui précise immédiatement que sa décision de mettre un terme à sa carrière est due à d’autres raisons.

Elle aurait imaginé poursuivre sa carrière sur la route, entamée sur le tard, si l’équipe World Tour Paule Ka (ancienne Bigla-Katucha) n’avait pas été dissoute faute de trouver un partenaire financier. Stirnemann n’a même pas essayé de trouver une autre formation. Elle explique qu’il « aurait été émotionnellement difficile pour moi de ne me consacrer complètement à la route. » Après les Championnats du monde de VTT à Leogang, l’athlète de Gränichen qui fêtera jeudi son 31e anniversaire a décidé que les CE à domicile seraient sa dernière course. « J’ai l’impression que cela sera désormais plus utile si j’utilise mon énergie dans une autre fonction », déclare-t-elle. « C’est la bonne décision. »

Kathrin Stirnemann s’en va en silence – en raison de la pandémie, il n’y avait effectivement pas beaucoup de bruit. Sans le coronavirus, les bouchons auraient sauté. L’Argovienne est une coéquipière appréciée par tous, qui a toujours volontiers fait profiter les plus jeunes athlètes de son expérience. Elle insiste également sur le fait qu’elle gardera un excellent souvenir « des moments avec les filles, des camps d’entraînements, de la dynamique au sein de l’équipe et de la famille du VTT ». « Mon cœur bat aussi pour l’aspect social qui entoure le cyclisme. »

D’un point de vue sportif, Kathrin Stirnemann a particulièrement laissé des traces dans la discipline (sprint) de l’Eliminator. Elle a été deux fois championne du monde, trois fois championne d’Europe et a remporté le général de la Coupe du monde en 2014. Son meilleur résultat en cross-country olympique est sa médaille d’argent aux European Games 2015 à Bakou. L’Argovienne est une athlète relativement puissante ; il n’est donc pas surprenant que ses qualités se manifestent surtout sur de courtes distances. Son dernier podium au plus haut niveau remonte à l’an dernier, obtenu lors de la Short Race de l’épreuve de Coupe du monde à Albstadt. Un effort de 20 minutes à bloc sur les pédales : ce nouveau format qui remplace petit à petit l’Eliminator est taillé pour le profil de Kathrin Stirnemann.

Au lendemain de sa retraite sportive – ses collègues de l’équipe nationale sont déjà de retour chez elles –. Kathrin Stirnemann est restée sur le parcours du Monte Tamaro. C’est en effet le tour de la compétition des Juniors filles, avec la participation de deux athlètes encadrées par Stirnemann (Eliane Schenk et Vera Schmid) au sein de la sélection de Swiss Cycling composée de sept athlètes. Elle a en effet entamé une formation professionnelle d’entraîneur il y a longtemps. Ce qui ne surprend guère lorsque l’on sait que son père Beat Stirnemann avait lui-même officié comme entraîneur national suisse de VTT lors des Jeux olympiques 2012 à Londres. « Je me réjouis d’avoir davantage de temps à l’avenir pour transmettre mon expérience » déclare Kathrin Stirnemann. Même si elle sait déjà qu’un petit pincement au cœur l’accompagnera en 2021. « La vie d’athlète me manquera. C’est un véritable privilège d’être une sportive d’élite. »